Amour de la montagne qui coule dans mes veines
Lien viscéral qui m’anime
Je me sens chez moi parmi les alpages, les pierriers, les glaciers et les cimes. Chaque pierre témoigne de la longue histoire de la Terre. Chaque être vivant, animal ou végétal, raconte l’histoire de la vie sur cette terre et contribue à l’équilibre harmonieux et essentiel du Tout, dont je fais aussi partie. Les atomes qui nous composent sont identiques et c’est en montagne que j’en prends conscience.
Passionnée de la marche et des hauteurs, avide du grand air, ma famille m’a bien vite conduite chez les bouquetins. Je m’y amusais déjà avant de me tenir debout. Puis je leur ai emboîté le pas, à pied pour commencer.
J’avais moins de cinq ans, lorsque nous avons tous commencé le ski de randonnée. Au début, je n’avais que des fixations de piste et je ne pouvais pas décoller les talons.
Dès lors, en toute saison, nous passions notre temps libre à sillonner les Alpes, surtout hors des sentiers battus et par tous les temps. Nous étions souvent seuls, sur les itinéraires choisis par mon papa.
A onze ans, j’avais déjà marché des kilomètres dans la montagne et gravi un bon nombre de cimes entre 2000m et 3600m, dans les Alpes vaudoises, bernoises, valaisannes, dans les cantons d’Uri, des Grisons, du Tessin, lorsque j’ai posé mes crampons sur mes premiers 4000, l’Allalinhorn et le Breithorn. Jusqu’à mes seize ans, j’ai continué d’arpenter la montagne en famille.
Devenue adulte, après avoir goûté à d’autres loisirs pendant quelques années comme voyager ou danser la salsa, j’ai rechaussé mes gros souliers pour retrouver là-haut ce qui m’avais manqué. Et je suis devenue ma propre incitatrice d’aventures.
Un jour, alors que je me rendais seule au Dolent, un ami s’étant désisté, je rencontre un SDF des glaciers, farfelu et chercheur de vent. Mes trottinements de biquette l’ont intrigué. Audacieux, voir téméraire, j’ai poursuivi avec lui une belle série d’ascensions qui m’ont fait progresser techniquement d’une façon peu conventionnelle (hivernales, anti-horaire, one shot, night naked, itinéraires originaux).
En parallèle, je potassais mes cartes et expérimentais des ascensions en solo.
En mon fort intérieur, l’appellation “alpiniste” ne me sied pas vraiment.
Je me situe plutôt entre une montagnarde mi-chèvre mi-bergère et une caresseuse de cailloux, entre une exploratrice des crêtes et une vadrouilleuse des vallons en quête de sérénité, de silence, de plénitude, de rien absolu…
Séduite par ce presque rien de là-haut, j’ai maintenant fréquenté plusieurs fois chacune des plus hautes cimes de Suisse et certaines autres des Alpes.
Si atteindre un sommet récompense l’effort et flatte un peu l’ego, une journée passée en montagne est avant tout une aventure qui reste gravée dans le cœur. Ce sont les instants vécus dans le plaisir, la contemplation, l’amitié et un brin d’adversité qui donnent toute sa valeur à une ascension.
La montagne me fascine plus en tant que nature intacte qu’en tant que défi personnel. En recherche d’osmose avec les éléments, j’apprécie les ascensions en solitaire qui me nourrissent de joie. Mais lorsque je vois cette même joie briller dans les yeux des personnes que j’accompagne, cette émotion est décuplée. J’ai aimé notamment ces douze années pendant lesquelles j’ai initié et conduit des groupes en haute-montagne, dans le cadre du Club Alpin Suisse.
Amenée à voyager un peu par mes choix de vie, j’ai découvert d’autres massifs du monde, notamment dans l’Himalaya indien, en Scandinavie, en Espagne. L’exploration continue…